Le Tueur de l’Ombre, Aretha Franklin, Elvis Presley ? Je ne sais pas vous mais les chaines classiques de télévision et leurs programmes indigents, je les ai oubliées depuis longtemps. À l’exception de quelques émissions comme la Maison France 5, La Grande (et ptite) Librairie. Arte est à part. Depuis toujours. Entre les films et les séries de qualité que la chaine propose, son journal de 19h45, ses 28′, les documentaires musique, il n’y a jamais de déception. Ses rendez-vous sont toujours intéressants.

Le tueur de l’ombre, série danoise

Réalisé par Carsten Myllerup, la série à voir sur Arte, le jeudi à 20h55 ou à revoir sur http://www.arte.tv

J’aime, non, je n’aime pas, j’Adore les romans policiers nordiques : Mankell, Indridason, Nesbo, Jonasson, Adler- Olsen, Sveistrup (il est le créateur de la géniale série The Killing…). J’aime ces héros qui n’ont rien de James Bond mais qui sont terriblement humains avec leurs problèmes existentiels, leurs emmerdes. Des histoires qui racontent la société, son climat social, sans oublier le poids encore présent de l’histoire, en particulier dans les polars islandais. Alors, quand une série nordique débarque sur Arte, j’attends l’heure avec ce plaisir impatient mais qui réclame tout de même du temps, une envie de déguster lentement. Et je ne suis jamais déçue. Le tueur de l’ombre illustre encore la qualité à la fois du script, superbement structuré, de la photographie (les images des paysages sont magnifiques), de la réalisation. Le suspens est magnifiquement mené à la fin de chaque épisode. Atmosphère, atmosphère… L’addiction est automatique ! Les nordiques sont géniaux en la matière (pour les génériques aussi). C’est parfait !

L’histoire ? Face à une série d’enlèvements de femmes dans la banlieue de Copenhague, un flic, Jan Michelsen (Kenneth M. Christensen), grand mec à la barbe de quelques jours, visiblement fatigué, qui dort où il peut, étant en plein divorce et une profileuse, Louise Bergstein (Natalie Madueno) qui a quitté la police dans la douleur pour se consacrer chaque semaine à un groupe de femmes victimes de violences, un groupe de parole. Les deux vont enquêter sur la disparition de deux jeunes filles. Une enquête au point mort. Ina Bruhn est la scénariste. Elle avait participé à l’excellent « Occupied » ainsi qu’à « Norskov, dans le secret des glaces » et son ambiance sombre. Dans le Tueur de l’ombre, l’atmosphère est aussi extrêmement sombre, violente. Le scénario creuse le psychisme du meurtrier identifié dès le début de l’histoire, à travers son histoire distillée au fil des épisodes, pourquoi a-t-il tué, mais sans oublier de montrer les douleurs des victimes, leurs séquelles, les douleurs des proches. Les violences envers les femmes est bien le sujet principal et il est abordé non pas simplement mais à travers tous ses méandres, familiaux entre autres, qui sont fort nombreux.

« J’ai fait beaucoup de recherches, à la fois sur les thérapies de groupe menées par les associations, et sur le métier de profileur, sur lequel les Américains ont largement écrit. J’utilise l’enquête policière comme un moteur pour faire avancer l’intrigue, mais ce qui m’intéresse, c’est l’intériorité des personnages ». Ina Bruhn

Soul Sister

La Soul, c’est Détroit et Détroit, c’est Aretha !

En juin 68, elle fait la couverture de Time. En 1987, Aretha Franklin est devenue la première femme intronisée au Rock and Roll Hall of Fame. Elle a repris, à son compte féminin, le titre d’Othis Redding, « Respect ». En 2009, elle a électrisé une foule de plus d’un million de personnes avec sa performance de «My Country ‘Tis of Thee» à l’inauguration présidentielle de Barak Obama. Mais Aretha Franklin, c’est, dans ce documentaire, de superbes archives télévisées des années 60, 70. Respect.

« Soul Sister », à revoir sur Arte, jusqu’au 3/10.

Après Memphis, ses parents ont déménagé pour Détroit où ils prennent un nouveau départ. Elle a 4 ans. Son père, Franklin est un brillant pasteur, ses prêches sont internationnale-ment reconnues. À la maison viennent des musiciens, Martin Luther King, une amie de la famille, Clara Ward des célèbres Ward Singers. La musique est constamment présente, Aretha est au piano, sa mère est chanteuse et pianiste de gospel, son père, pasteur est aussi chanteur. À Détroit, il y a toutes sortes de clubs où noirs et blancs peuvent aller écouter de la musique. Aretha chante à l’église, sont talent est déjà remarqué, puis part, elle abandonne le lycée, sur les routes à 14 ans avec son père et son spectacle de gospel dans les églises. Elle enregistre son premier album en 1956 The Gospel Sound of Aretha Franklin. À 18 ans, elle passe à la musique profane et signe chez Columbia Record mais c’est en 1967, elle a 25 ans, qu’elle va devenir une icône mondiale en signant chez Atlantic Record. Jerry Wexler, le producteur inventeur du terme « rythm’n’ blues » va lui donner toute liberté de devenir Aretha avec sa propre identité musicale. Bref, je ne vais pas vous raconter ce superbe documentaire, à voir absolument. J’écoute Aretha Franklin depuis longtemps et c’est toujours beaucoup d’émotions de voir, revoir, découvrir des documents qui font vivre des moments intenses, des moments d’humour comme celui où elle et Sammy Davis Jr improvisent follement une chanson sur la définition du mot « soul »…

« Détroit, c’est chez moi. J’y ai toute ma famille, mes amis ». Aretha Franklin

Detroit 1960

L’autre star du documentaire est sa ville, Détroit, ville de l’automobile et de la musique, où il a été tourné. Ville des violentes émeutes de 1964 (en 4 jours, 43 morts, 7 000 arrestations, 4 000 bâtiments détruits). De nombreux témoignages dont celui d’un membre des 4 Tops, sur la reine de la soul, son combat permanent pour les droits civiques, son soutien financier à Angela Davis, sa force de femme, son affirmation de femme afro-américaine. Et son départ en 2018, très classe, elle avait tout prévu : 3 jours de funérailles avec 3 changements de robes et une centaine de Cadillac roses pour l’accompagner au cimetière. Elle adorait les cadillac : « Aretha roule en Cadillac en ayant l’air de sortir d’une chorale de gospel », raconte un de ses amis..

Les 7 vies d’Elvis

« Avant Elvis, il n’y avait rien ». John Lennon

©Les 7 vies d’Elvis Arte, jusqu’au 10 octobre

Comment dire, comment parler d’Elvis Presley. Il a été mon premier papier signé dans VSD en 1980. J’avais interviewé un journaliste du Memphis Simitar, Bill Burk et ami d’Elvis. J’ai participé en 82 à l’émission de François Jouffa sur Europe 1, « Radio Libre à ». À Elvis Presley, bien sûr. Il était mon idole, j’avoue, le 16 août 1977, il faisait chaud à Paris et j’ai pleuré. J’ai de très nombreux vinyls, enregistrements divers, films, et une excellente documentation… Alors, « Les 7 vies d’Elvis » sur Arte, j’ai regardé.

Je regarde les documentaires sur Elvis, toujours avec méfiance parce que l’on a écrit et dit tellement de sottises sur l’artiste, sur l’homme ! Ce film, j’ai aimé. Je ne vais pas vous raconter la vie d’Elvis, sa naissance à Tupelo dans un quartier très pauvre, la place importante de l’église où il chantait, son arrivée à Memphis où ses perspectives d’adolescent s’élargissent..

L’album de ma discothèque Elvis.

Je ne vous parlerai pas de la période cinématographique du King, de sa rencontre avec les Beatles ou de son fabuleux come back de 68. Non, ce film est riche de nombreux témoignages. Des témoignages de ceux qui l’ont cotoyé dans sa vie privée et dans sa vie artistique. Ce sont eux qui racontent Elvis. De sa copine d’école, Blanche Jordan Scott qui était au lycée Humes, ils avaient 13 ans. « Il était très beau ». Autre copain de lycée, George Klein, devenu animateur radio et qui fera partie de la « Memphis Mafia », qui sera l’un des porteurs du cercueil d’Elvis. Les témoignages font la richesse de ce film.

D.J. Fontana ©Les 7 vies d’Elvis

Ils sont tous émouvants (d’autant plus émouvants que nombreux sont ceux qui sont décédés depuis), dont celui de D.J. Fontana, batteur d’Elvis de 1955 à 68 ou encore ceux de Dolorès Hart, une carmélite mais qui a tourné, toute jeunette, dans 2 films avec Elvis ; Larry Geller, son coiffeur depuis les années 60 qui était présent lors de la rencontre d’Elvis avec les Beatles, de leur boeuf sur Johnny be good…. Et Charlie McCoy, une légende de l’harmonica country et qui a joué pour Elvis, Steve Binder, réalisateur du fameux Elvis Presley’s 68 Comeback Special sur NBC. Il avait eu l’honnêteté, lorsque Elvis lui demande ce qu’il pense de sa carrière, de lui répondre qu’elle était « in the toilet ». Une réponse fort appréciée par le King. Avec le contenu de ce show, Binder a  remporté une rare victoire dans une lutte pour le pouvoir avec le manager dominateur du chanteur, le colonel Parker qui voulait uniquement qu’Elvis interprète des chants de Noël… Témoignages aussi de Jerry Phillips, fils de Sam Phillips (Sun Record), Hal Lansky fils de Bernard Lansky qui habillait à Memphis les vedettes de la country et qui, en 1952 a proposé au jeune Presley de devenir son tailleur… De Bones Howe, légendaire producteur de disques de la scène musicale de LA, de Dick Grob, le garde du corps d’Elvis, de Norbert Putnam, bassiste qui a joué avec Joan Baez, Ray Charles, Tony Joe White, Jimmy Buffet. Et avec Elvis. C’est à cause d’Elvis qu’il est devenu musicien : « Sans lui, je serais probablement un cadre d’assurance très riche… » Sans oublier les compositeurs Lieber et Stoller (Hound dog), Mac Davis, compositeur de « A Little Less Conversation, remixé en 2002 et dans les charts… Tous décrivent un artiste exceptionnel, un homme profondément humain.

Sa musique, son talent touchent c’est la légende d’Elvis. Jailhouse rock

« Il est une référence transgénérationnelle. Il touche les arrière grands-parents, les grands-parents, les parents, les enfants et les petits enfants. Il transforme toutes les lignes, toutes les nationalités. Il est unique. C’est indéfinissable. C’est du charisme mais plus que ça. » Steve Binder

« Ils ont appelé ça du rock « n » roll, du rockabilly, je ne suis pas sûr que c’était ce qu’on faisait. Scotty (Moore) faisait du blues, Bill (Black) faisait de la country et moi, je ne sais pas très bien. On jouait ce qu’on avait envie de jouer et au bout du compte, ça fonctionnait. DJ.Fontana

Un mur de mon bureau… Elvis forever !

Publié par presscard49096

"Le libre arbitre, c'est le pouvoir de se déterminer soi-même sans être déterminée par rien"

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