Il devait sortir en septembre, il sort le 4 janvier. Si vous aimez la marche, si vous demandez à un film de vous raconter des histoires de vie d’hommes et de femmes faites de haut et de bas, de vous faire rire, de vous amener au bord des larmes, bref, de vous coller des émotions, ne ratez pas ce film, ses 6 pèlerins parlent aussi de nous. Un voyage de 800 km avec l’espoir au bout du chemin.

Le réalisateur de documentaires et photographe australien Noel Smyth et le producteur néo-zélandais Fergus Grady ont réalisé leur premier long métrage (1 h 20) en Espagne, le long du Camino de Santiago, le chemin de Compostelle qui traverse le nord de la péninsule ibérique depuis Roncevaux jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle. En 42 jours. Ils ont suivi, caméra à l’épaule 6 « pèlerins » venus d’horizons différents.
Les pèlerins

D’abord, il y a Susan Morris, 70 ans, inoubliable visage, corps, mains arthrosiques. C’est avec elle que l’on commence le chemin de Compostelle. Avec elle, sa souffrance, c’est que la marche sur le chemin, est rude et les pieds souffrent. Avec ses souffrances car Susan a été opérée de la colonne vertébrale (une cyphoscoliose), « je penche sur le côté ». Mais elle veut le faire ce chemin. Il y a Julie Zarifeh, 54 ans qui a perdu et son mari, Paul, et son fils à 16 jours d’intervalle. Mark dont la belle-fille est morte de la mucoviscidose à 17 ans, est accompagné de son beau-père Terry, et pour finir l’enthousiaste Claude et une néozélandaise de 56 ans, Cheryl, passionnée de randonnée.
En quête de sens

©L’Atelier distribution, 2020
La route est longue, difficile et la marche devient mantra. Propice à l’introspection. C’est bien ce travail qui se fait pour celles et ceux qui empruntent le « camino ». Pas de religion ici mais une quête de sens, une rencontre avec soi-même. Face aux dénivelés, à là boue, à la pluie, au vent, aux obstacles de la vie, tous acquièrent la force de continuer à avancer. « En marchant, je fais mon deuil, on a le temps de digérer. J’apprivoise l’absence de Paul. Je reprends des forces pour les batailles à venir », confie Julie. Le chemin pour chercher des réponses.

« 24 km par jour. Tu n’en peux plus, t’a mal partout. Mais je trouve ça sympa en fait et quand tu arrives à l’auberge, que tu poses ton sac à dos, après un coup à boire et une douche, tu te sens super bien » (Julie). Les nouvelles rencontres sont aussi des moments que l’on savoure sur ce chemin. Le temps des confidences, des rires, des parties de cartes.

Quand l’un est en manque d’énergie, un autre est là pour lui en insuffler. De la générosité en partage, de la camaraderie, un mot que l’on croise si peu souvent… On peut même, un soir, faire la fête en ville… danser.
« Quand vous avez parcouru le Camino une fois, il vous rappelle à jamais.Est-ce pour mettre à nouveau vos pas dans ceux des millions de pèlerins qui le foulent depuis le Xe siècle ?
Est-ce le désir d’une vie simple, de rencontres et d’instants mystiques ? Est-ce pour vivre chaque instant à fond, loin du tumulte de la vie ? ou pour retrouver le contact avec autrui ?
Pour moi, c’est tout à la fois et je suis impatiente d’en découvrir davantage ». Claude
« Certains prennent le bus pour éviter la fastidieuse traversée de la Meseta, explique Harry. Faire ça, c’est rater quelque chose. La Meseta, c’est la phase mentale du Camino. Il faut serrer les dents et avancer ». « Dans la Meseta t’es seul au monde. Sans Black Sabbath, je n’y serais pas arrivée, je vous jure » avoue Cheryl.
Un jour exténué, le lendemain en forme. Toujours haut et bas, on monte, on descend, comme le chemin, comme la vie. Sur le chemin, des chevaux, des paysans sur un tracteur, un troupeau de mouton, une route au loin, un escargot au milieu du chemin. Les détails du chemin sont aussi du film.
Mon avis ?
Pourquoi ce film m’a touchée ? L’humilité des personnes, leur formidable humanité dans le rire comme dans les larmes, comme dans la souffrance, leur regard sur les autres, sur eux. J’ai aimé, suivi leurs recherches sur leurs questionnements, leurs doutes, leurs certitudes enfin. Et même si la religion n’est pas abordée, la foi flotte tout au long du chemin… J’ai vu ce film 2 fois : une fois en projection presse en février 2020 et une autre fois la semaine dernière. J’ai voulu le revoir avant d’écrire. Je me suis surprise à retrouver ces personnages avec un très grand plaisir, comme si je les avais rencontrés et fait le chemin avec eux. Ils résonnent en moi, je les connais depuis longtemps. Une impression ou la réalité ? Quelle importance. Oui, j’ai aimé ce film documentaire !

Compostelle, le pèlerinage
Il était autrefois considéré comme l’un des plus importants de la chrétienté après celui de Rome et de Jérusalem. Il était en effet voué, pour les catholiques croyants, à venir se recueillir sur les reliques de Saint-Jacques à la cathédrale de Santiago de Compostela. D’après les récits chrétiens, il serait né vers l’an 5 avant JC en Galilée, fils de Zébédée et de Marie Salomé et était le frère aîné de Jean, apôtre lui aussi. Il a été un des trois apôtres qui ont assisté à la transfiguration (métamorphose) de Jésus, lorsqu’il se transforme pour montrer sa nature divine entre les prophètes Elie et Moise. Il a été également témoin de la prière au jardin des Oliviers avec Pierre et son frère. Après la résurrection, il se trouvait dans le petit groupe qui a vu Jésus au lac de Tibériade et participé à la pêche miraculeuse. Les Actes des Apôtres racontent qu’il reçoit le Saint Esprit sous la forme de langues de feu lors de l’épisode de la pentecôte (vers l’an 33). C’est à partir de ce moment là qu’il va prendre son bâton, ainsi que le bateau, et parcourir les chemins pour évangéliser l’occident.

Au 12ème siècle, plusieurs dizaines voire des centaines de milliers de personnes de fidèles affluent vers les Chemins de Compostelle chaque année. A l’époque, la marche attire également les non-croyants, vivant de la charité en s’invitant dans les hospices jalonnant la route. Au cours du 14ème siècle, les famines et la peste ravagent l’Europe et les pèlerinages sont peu à peu oubliés. Puis, la Reconquête chrétienne se déporte sur l’Andalousie, le protestantisme émerge, et l’évêque de Santiago dissimule les reliques de Saint-Jacques à un endroit inconnu (jamais dévoilé en raison de la mort de l’évêque). Ces facteurs engendrèrent quasiment à la fin des pèlerinages et il fallut attendre l’année 1879, lors des travaux de la cathédrale, pour que ne soient redécouvertes les reliques de Saint-Jacques, donnant un nouveau souffle au pèlerinage de Compostelle. En 2018, environ 330 000 personnes ont emprunté le chemin de Compostelle dont 187 000 le chemin français, soit presque 57 % du total.
L’équipe
Noel Smyth, co-réalisateur, co-producteur, directeur de la photo.
Réalisateur de documentaires et photographe avec 14 ans d’expérience dans le milieu du cinéma. Il a été monteur pendant plusieurs années, avant de se tourner vers la réalisation et la photo. Autodidacte, il explore dans son travail les thèmes de la rédemption et de la transformation; capturant les épreuves surmontées par les gens ordinaires, leurs relations entre eux ainsi que les relations qu’ils entretiennent avec leur environnement. Sur la route de Compostelle est son premier long-métrage en tant que réalisateur.
Fergus Grady, co-réalisateur, co-producteur
Fergus Grady est un producteur plus de 10 ans d’expérience dans le milieu du cinéma.
Il a commencé sa carrière chez Umbrella Entertainment, Fergus a été partie prenante dans les acquisitions de plusieurs films australiens tels que Mister Babadook, Girl Asleep, Jungle et de la production originale Netflix Cargo, sur laquelle il était également producteur exécutif. Il était également producteur associé sur le film West of Sunshine, qui a concouru pour le prix Orizzonti du festival du film de Venise en 2017.
Le film a d’abord été lancé en auto financement, puis a reçu les fonds nécessaires à sa finalisation de la part de la Commission du film de Nouvelle-Zélande. Cette aide a permis de procéder au mixage final chez Park Road Post Production, la société de Peter Jackson basée à Wellington, en Nouvelle-Zélande.
Tom Mc Leod, compositeur
La culture musicale de Tom couvre de nombreux univers et apporte une véritable diversité d’influences dans son travail, tant au cinéma, qu’à la télévision, au théâtre ou dans des projets orchestraux. En 2015, il remporte le prix de la Meilleure musique originale dans une séries aux APRA (Australian Performing Right Association) Silver Scrolls, pour la deuxième année consécutive pour la série Girl vs. Boy. En 2016, il était nommé aux APRA dans la catégorie Meilleure musique originale, mais cette fois pour le long-métrage The Art of Recovery. Tom a récemment composé la musique du film en 3D Into The Rainbow, enregistrée à Berlin avec le prestigieux orchestre du Filmorchester Babelsberg, et mixée par le producteur lauréat d’un Grammy, Matt Howe. Il a également signé la musique du documentaire Pecking Order, ainsi que la musique du film Kiwi Christmas. Autres œuvres à noter : la musique du téléfilm en 6 épisodes When We Go To War, celle des longs-métrages de fiction Netherwood et 3 Mile Limit (nommé pour les NZ film awards dans la catégorie Meilleure musique originale), ainsi que celle des documentaires à succès The Art of Recovery, The Last Dogs of Winter, Candyman et Lost in Wonderland et de plusieurs courts-métrages, dont Dr Grordbort Presents: The Deadliest Game, qui a raflé de nombreux prix.
Ramon Watkins, monteur
Ramon est un monteur australien dont les 8 ans d’expérience l’ont vu travailler tant sur des fictions que des documentaires, des publicités et des clips musicaux. En véritable conteur d’histoires passionné par les personnages, Ramon fait, avec Sur la route de Compostelle, son entrée dans le monde des longs-métrages.

Bonjour, Presscard ! La diversité est véritablement votre marque… Cette fois un film documentaire intéressant et méditatif, a priori assez éloigné de mes préoccupations, mais que vous parvenez à rendre désirable. Etonnant. Merci.
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